Etat-limite.fr

Ce site vise avant tout à y voir plus clair. À l'orée de cette vaste entreprise, nous ne récusons pas le mot borderline, mais nous le ravalons au rang de sous-titre. Il évoque des manifestations bruyantes, antisociales, adolescentes, qui ne correspondent pas au domaine de nos investigations. Nous nous intéressons plus volontiers aux adultes qui justement n'ont peut-être pas pu faire leur crise d'adolescence, qui manifestent une immaturité au sujet de la séparation et souvent une crainte d'abandon, et qui auraient plutôt tendance à donner dans la dépression plutôt que dans la colère démonstrative. Nous adoptons l'expression état limite, peut-être faute de mieux : il nous faudra déterminer s'il s'agit bien d'un état, d'une structure (intermédiaire entre psychose et névrose comme certaines théories l'affirment), d'un aménagement qui perdure malgré une dépense d'énergie colossale, ou peut-être d'un simple fonctionnement, universellement répandu, comme le suppose le psychiatre italien Luigi Cranzi. 

Pour y voir plus clair, il nous faut avouer notre incertitude, qui sera gage de notre ouverture aux différentes théories. Nous ne négligerons ni la psychanalyse, ni les neurosciences, ni non plus les thérapies comportementales qui semble-t-il donne les résultats les plus probants contre ces troubles. Comme les états limites eux-mêmes, la peur et la confusion seront nos compagnes. François Roustang donne à ces patients le nom de « frontaliers », qui n'est pas sans évoquer les marches de l'Empire carolingien, ces régions frontalières données à des nobles, les marquis, contre la lourde tâche de les défendre des invasions ennemies. Gens de la marche, bienvenue à vous ! Puissiez-vous trouver sur ce site de quoi apaiser vos esprits, et aiguiser vos courages !